Le gouvernement français envisage d’armer l’A400M, son avion de transport stratégique, avec des missiles de précision. Un changement radical de doctrine qui pourrait bouleverser l’équilibre des forces aériennes modernes.
L’A400M Atlas, colosse de 141 tonnes conçu pour transporter du matériel et des troupes, est en passe de devenir bien plus qu’un simple cargo volant. L’armée de l’Air française explore la possibilité de l’équiper de missiles, de bombes guidées et même d’armes à énergie. Une révolution qui transformerait cet appareil en plateforme multirôle capable d’opérer dans des zones hostiles, au-delà des lignes ennemies.
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Capacité de transport et autonomie impressionnantes
L’A400M peut embarquer jusqu’à 35 tonnes de charge utile et atteindre 9 000 km d’autonomie avec un seul plein, soit l’équivalent de plus de 11 heures de vol sans ravitaillement. Conçu pour opérer depuis des pistes sommaires, il peut aussi voler à très basse altitude en mode automatique, même en visibilité réduite. Avec ses 4 moteurs TP400 de 11 600 chevaux, il dispose d’une puissance électrique importante, capable d’alimenter de futurs systèmes avancés.
Vers une plateforme de frappe longue portée
Selon le colonel Bastien Cardot, en charge du développement des capacités aériennes, l’A400M pourrait lancer des missiles, des bombes guidées ou même des munitions connectées, stockées dans sa soute ou fixées sous les ailes. Il deviendrait ainsi une solution de frappe massive, capable de saturer les défenses ennemies, notamment dans les missions SEAD (Suppression of Enemy Air Defenses).
Des exemples concrets à l’international
Le Japon étudie une transformation similaire de son C-2, en l’équipant de missiles Type 12 SSM ou AGM-158. L’idée est claire : convertir un avion de transport en un appareil offensif capable de lancer une pluie de projectiles sans dépendre des chasseurs.
Un besoin urgent de masse et de flexibilité
Les conflits modernes exigent une capacité à projeter rapidement une force importante. L’A400M, avec sa capacité d’emport et sa flexibilité, pourrait combler le vide entre avions de chasse coûteux et drones moins puissants. L’aviation militaire cherche aujourd’hui à générer une masse critique dans les airs.
Tableau des caractéristiques clés :
| Spécification | Valeur |
| Charge utile maximale | 35 000 kg |
| Autonomie sans ravitaillement | 9 000 km |
| Vitesse de croisière | Mach 0,68 à 0,72 |
| Capacité carburant interne | 50 000 kg |
| Capacité passagers | 116 parachutistes |
| Emport d’équipements | 2 hélicos Tigre ou 2 VAB |
| Volume soute | 340 m³ |
Une base technologique déjà en place
La France a déjà testé des capacités similaires sur ses anciens C-160 Transall. Le système C3ISTAR permettait la surveillance, la désignation de cibles et le guidage de munitions. Un projet civil-militaire, NITRATHE, mené par Turgis & Gaillard, vise à équiper l’A400M d’une nacelle multi-fonction pour le ciblage et la transmission.
Enjeux industriels et délais serrés
À Orléans-Bricy, les démonstrations tactiques de l’A400M font déjà sensation. Les avions livrés depuis 2022 incluent la version finale, avec parachutage automatique et ravitaillement en vol d’hélicoptères. La France en possède 21 aujourd’hui, et vise un parc de 37 appareils d’ici 2030, avec peut-être 18 de plus pour remplacer les Hercules C-130.
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Une révolution dans la doctrine militaire
L’idée de transformer un avion de transport en plateforme de frappe indépendante n’est pas anodine. Elle nécessitera des formations adaptées, une nouvelle doctrine d’emploi, mais aussi des choix technologiques audacieux. Le futur système de combat aérien européen (SCAF) pourrait bénéficier de cette modularité en intégrant pleinement l’A400M dans ses architectures.
Source : Paris Air Show
