La marine américaine dévoile une arme secrète capable de brûler les drones en plein vol : 400 kilowatts de lumière meurtrière.
SONGBOW. Derrière ce mot, une technologie de rupture : un laser de combat plus puissant que tout ce qui a jamais été embarqué sur un navire de guerre.
400 kilowatts d’énergie dirigée pour percer, brûler, neutraliser des menaces aériennes à la vitesse de la lumière. Un projet encore classé, mais désormais lancé, avec un objectif : rendre les missiles obsolètes.
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Les Etats-Unis lancent SONGBOW, un laser invisible d’une puissance inédite
Le 12 juin 2025, les États-Unis ont discrètement confirmé le lancement d’un programme militaire longtemps tenu secret : SONGBOW. Ce projet, financé à hauteur de 27,8 millions d’euros, a pour objectif de mettre au point une arme laser de 400 kilowatts, soit quatre fois plus puissante que les systèmes actuellement opérationnels dans l’US Navy.
L’entreprise choisie pour mener ce chantier n’est pas un inconnu du secteur : Coherent Aerospace & Defense, spécialiste des lasers fibrés à haute énergie. Le contrat, attribué par l’Office de recherche navale américain (ONR), prévoit la conception, l’assemblage et les essais d’un module de tir capable d’être intégré à bord de navires ou de plateformes terrestres.
Pour atteindre ce niveau de puissance, la stratégie repose sur la combinaison de plusieurs modules laser de 50 kilowatts. Grâce à une architecture optique de contrôle de faisceau de haute précision, ces modules fusionneront leur énergie dans un seul rayon cohérent, capable de cibler avec exactitude à longue portée.
Le saut technologique attendu depuis 20 ans
Depuis le déploiement du LaWS (Laser Weapon System) à bord de l’USS Ponce en 2014, l’idée de frapper avec un rayon lumineux n’est plus une fiction. Mais ces systèmes ne dépassaient pas 100 kilowatts : suffisants pour endommager des drones ou embarcations légères, mais limités contre des cibles rapides ou protégées.
Le programme SONGBOW change l’échelle.
Avec 400 kilowatts, la puissance permet théoriquement de percer le blindage d’un missile de croisière, d’embraser un drone furtif ou de détruire un obus en vol. En moins de deux secondes, la chaleur accumulée pourrait désintégrer une coque, un capteur ou un système de guidage.
Le SONGBOW par rapport à ses prédécesseurs dans l’US Navy :
Système laser | Puissance | Plateforme | Capacités estimées |
---|---|---|---|
LaWS | 30 à 100 kW | USS Ponce | Drones, petits navires |
HELIOS (Lockheed) | 60 à 150 kW | USS Preble | Drones, surveillance, C-RAM |
SONGBOW | 400 kW | À définir | Drones, missiles, menaces hypersoniques |
Une arme pensée pour la guerre de demain
Les menaces aériennes ont changé. Aujourd’hui, les marines modernes ne font plus seulement face à des avions ou des missiles solitaires. Ce sont désormais des essaims de drones, des attaques synchronisées, des projectiles à très haute vitesse, parfois hypersoniques.
Le SONGBOW a été conçu pour répondre à ces nouveaux défis.
- Vitesse de réaction instantanée
- Nombre de tirs quasi illimité (tant que l’énergie est disponible)
- Coût par tir extrêmement bas (quelques euros)
- Précision chirurgicale
En couplant SONGBOW à des systèmes comme Aegis ou les intercepteurs SM-6, la Navy souhaite créer une défense en couches : missiles d’un côté, laser de l’autre. L’un intercepte à longue portée, l’autre élimine ce qui passe entre les mailles du filet.
Une course contre la montre et les budgets
Le calendrier, lui, est très encadré. Le contrat prévoit une première phase de 20 mois, suivie de deux options de prolongation de 11 mois et 18 mois. Si tous les jalons sont franchis, le système pourrait être prêt d’ici janvier 2027.
Dès cette année, 12,1 millions d’euros ont été débloqués pour lancer la phase de recherche, tests et développement. Ces fonds doivent être utilisés avant la fin de l’exercice fiscal américain.
Derrière cette accélération, une évidence : le Pentagone redoute de perdre son avance dans le domaine des armes à énergie dirigée. La Chine et la Russie investissent également dans des systèmes similaires, et Israël a déjà commencé à tester Iron Beam, son propre laser de défense.
Une industrie au cœur du dispositif
Coherent Aerospace & Defense est l’un des rares acteurs capables de produire des lasers fibrés de cette puissance. L’entreprise a déjà travaillé pour le secteur civil (communications optiques, micro-usinage industriel), mais elle dispose aussi d’une division militaire spécialisée.
Dans le cadre de SONGBOW, elle devra développer :
- Les modules laser de 50 kW
- Le système de contrôle de faisceau
- Le système de refroidissement embarqué
- L’interface de ciblage intégrable à bord
Une fois le système stabilisé, il pourrait être installé sur plusieurs classes de navires : destroyers Arleigh Burke Flight III, frégates Constellation, voire plateformes terrestres mobiles pour la défense de bases avancées.
Un tournant stratégique dans la doctrine navale américaine
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la marine américaine s’est toujours appuyée sur la suprématie technologique. Les missiles ont longtemps été au cœur de cette stratégie. Aujourd’hui, les armes à énergie dirigée prennent le relais.
La logique est simple : réduire la dépendance aux munitions coûteuses et logistiques, et les remplacer par des systèmes tirant leur puissance directement de l’énergie électrique des navires.
Si SONGBOW atteint ses objectifs, le tir au laser pourrait devenir une routine sur les ponts des destroyers d’ici 2030.
Dans l’ombre des arsenaux flottants américains, une arme sans bruit, sans recul, sans éclat… prépare une révolution silencieuse. Une lumière concentrée, assez puissante pour brûler le ciel.
Liste non-exhaustive d’autres laser militaire dans le monde
Nom du système | Pays | Type / Usage | Caractéristiques principales | Statut |
HELMA-P | France | Système laser anti-drones naval | 3 lasers de 2 kW, neutralisation drones et IED, déployé sur frégates | En service / déploiement prévu |
HELMA-LP | France | Fusil laser portable | Portée ~500 m, poids ~15 kg, batterie dans sac à dos, contre drones et équipements électroniques | En expérimentation |
GÖKBERK | Turquie | Système laser mobile anti-drones | Laser ≥5 kW, brouilleur électronique, monté sur véhicule 6×6 | En service / tests concluants |
Dragonfire | Royaume-Uni | Arme laser à énergie dirigée | Laser haute énergie pour défense et attaque, en développement | En développement |
Iron Beam (Lite Beam, Iron Beam M) | Israël | Défense aérienne laser terrestre et mobile | Puissance 10 kW à 250 kW, portée jusqu’à 10 km, très haute précision, architecture ouverte | En déploiement opérationnel fin 2025 |
Système laser HII | États-Unis | Arme laser haute énergie contre drones | Prototype capable d’acquérir, suivre et neutraliser drones Groupes 1 à 3 | En développement / prototype |
Laser anti-drones chinois Shen Nung 3000/5000 | Chine | Laser anti-drones | Système laser tactique, utilisé par la Russie selon certaines sources | En service / déploiement |
HELWS (High Energy Laser Weapon System) | États-Unis | Système laser de défense multi-plateforme | En développement pour intégration sur véhicules aériens et terrestres | En développement |
DE M-SHORAD | États-Unis | Défense aérienne mobile à laser | Système laser intégré sur véhicule pour défense rapprochée | En développement |
Source : Ministère de la Défense américaine
Image : Démonstrateur du MTHEL (Mobile Tactical High-energy Laser) qui peut être considéré comme le « père » de tous les lasers militaires américains