Ce drone de 20 tonnes traque les sous-marins sans pitié : la nouvelle arme invisible de Séoul.
Au large de la péninsule coréenne, la guerre sous-marine se joue désormais sans marins. Une machine de 5,8 mètres, bardée de capteurs, fait surface dans le secret des arsenaux sud-coréens. Son nom : ASW-USV, ne fait pas frémir, mais ses capacités pourraient redéfinir la chasse au sous-marin.
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L’ASW-USV, un chasseur de sous-marins coréen à l’allure étrange
En apparence, c’est une coque profilée, sans équipage, taillée pour les vagues et les missions de longue haleine. Voici l’ASW-USV !
Cet engin sud-coréen de 5,8 mètres de long pour 2 tonnes à vide n’est ni un bateau classique, ni un simple drone : c’est un guetteur autonome, capable de surveiller l’océan sans pause pendant plus de 150 heures.
Construit à partir d’un polymère renforcé par fibres, non magnétique et donc discret pour les capteurs ennemis, l’ASW-USV bénéficie d’un design à étrave pénétrante, ce qui réduit la traînée et améliore sa furtivité acoustique. En mer, cela signifie moins de bruit, moins de carburant consommé, et surtout moins de chances d’être repéré.
Sous le capot, un moteur électrique de 50 kilowatts alimenté par un générateur diesel hybride propulse le drone jusqu’à 26 km/h. Pas un foudre de guerre en vitesse, mais un coureur de fond, taillé pour la vigilance silencieuse.
Deux oreilles pour mieux écouter les abysses
Ce qui fait toute la puissance de cette machine, c’est ce qu’on n’entend pas. L’ASW-USV est équipé de deux systèmes sonars de nouvelle génération.
Le premier, baptisé Long Range Active Sonar, est capable de détecter une cible sous-marine à une distance allant de 20 mètres jusqu’à 30 kilomètres. Son secret : une antenne verticale, immergeable jusqu’à 240 mètres de profondeur, bardée de capteurs émetteurs et récepteurs.
Le second, plus discret mais tout aussi redoutable, est logé dans une gondole sous-marine de 2,4 mètres : c’est un side-scan sonar. À 150 mètres de profondeur, il scrute latéralement sur près de 600 mètres, identifie les formes, classe les menaces. Le tout en utilisant une configuration unique de huit capteurs sonars, une première mondiale sur ce type de plateforme.
Ces deux systèmes peuvent fonctionner en parallèle, croisant leurs informations pour une cartographie sonore précise et instantanée de l’environnement marin.
Un filet acoustique en réseau
L’ASW-USV n’opère pas seul. Il s’intègre dans un réseau plus vaste. Un drone de surface, aussi efficace soit-il, reste limité sans relais.
Il peut donc être couplé à :
- Des drones aériens pour une vue en surplomb
- Des avions de patrouille maritime
- Des frégates ou destroyers
- Des bouées acoustiques larguées depuis les airs
En agissant comme nœud central d’un maillage d’écoute, le drone devient le pivot d’un filet acoustique, capable de détecter une intrusion sous-marine dans des eaux contestées. Chaque signal, chaque écho suspect, est immédiatement relayé vers les centres de commandement, à terre ou en mer.
Cette capacité à fonctionner dans un système distribué permet à l’ASW-USV de jouer un rôle clé dans la doctrine émergente de guerre en essaim, où machines et plateformes coopèrent en temps réel.
Une réponse discrète à une menace persistante
En face, la menace est connue, mais difficile à cerner. La Corée du Nord dispose de l’une des flottes sous-marines les plus actives au monde, composée d’unités vieillissantes mais nombreuses, souvent miniaturisées, conçues pour se faufiler dans les eaux peu profondes autour de la péninsule.
Les bases navales nord-coréennes, camouflées dans des criques ou des tunnels, rendent difficile toute surveillance traditionnelle. L’ASW-USV, par sa discrétion et son autonomie, apporte une réponse adaptée à ces tactiques asymétriques.
L’absence de personnel à bord permet de prolonger la mission sans pause, sans fatigue humaine, et surtout sans risquer de perte de vie en cas d’incident ou d’engagement hostile.
Une course mondiale aux drones navals
L’innovation sud-coréenne s’inscrit dans une tendance mondiale déjà bien ancrée. Le marché des drones de surface militaires est en pleine explosion :
Pays | Investissement estimé | Domaines d’usage |
---|---|---|
États-Unis | Plus de 1,8 milliard d’euros en 2024 | Lutte anti-sous-marine, guerre électronique |
Chine | 1,2 milliard d’euros | Surveillance côtière, dissuasion régionale |
Israël | 450 millions d’euros | Déminage, reconnaissance |
Corée du Sud | Plus de 300 millions d’euros | Protection côtière, renseignement acoustique |
D’après les projections industrielles, ce marché mondial devrait atteindre près de 2,5 milliards d’euros d’ici 2030. Une évolution rapide qui bouscule les doctrines navales.
Une vitrine technologique à visée export
Le programme ASW-USV est supervisé par l’administration sud-coréenne des programmes d’armement (DAPA). Le prototype est achevé, et les essais opérationnels devraient démarrer dès juillet 2025 au sein de la marine sud-coréenne.
Mais l’objectif est plus large. Avec ce démonstrateur, la Corée du Sud compte bien séduire des partenaires internationaux, notamment dans les zones de tension maritime : Détroit de Taïwan, mer de Chine méridionale, golfe Arabo-Persique.
Atouts mis en avant par SonarTech :
- Plateforme modulaire
- Coût de déploiement inférieur à un navire habité
- Compatible avec les systèmes OTAN
- Capable de missions de plusieurs jours sans ravitaillement
Dans une époque où l’océan devient un théâtre stratégique de plus en plus saturé, où la détection prime sur la destruction, l’ASW-USV pourrait bien s’imposer comme une sentinelle nouvelle génération, au service d’un art de la guerre réinventé.
Source : https://www.sonartech.com/?param=notice_view&key_code=20250611QXKjX5