Avec une portée de 1 000 km, ce nouveau système de missiles transforme la défense côtière du Japon et inquiète ses voisins, notamment la Chine et la Corée du Nord.
Le Japon vient de lever le voile sur un dispositif militaire qui pourrait bouleverser l’équilibre stratégique de toute l’Asie de l’Est. Ce missile terrestre, désormais capable de frapper à plus de 1 000 km, change radicalement les règles du jeu. Déployé sur des îles, mobile, furtif et autonome, il donne à Tokyo un sérieux levier de dissuasion.
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Une démonstration de force impressionnante à Fuji
Lors d’un exercice militaire d’envergure le 8 juin 2025, les forces terrestres japonaises ont présenté un véhicule lance-missile inédit, équipé de la toute dernière version du Type 12. Le public a pu le découvrir en action sur le champ de tir de Higashi-Fuji, dans la préfecture de Shizuoka. Cet événement, considéré comme le plus important exercice de tir réel de l’année au Japon, a servi de vitrine à cette avancée technologique majeure. La portée accrue du missile, désormais de 1 000 km, permet au Japon de couvrir toute sa zone économique exclusive, mais aussi d’intervenir bien au-delà, jusqu’au détroit de Taïwan ou les eaux proches de Shanghai. Avec un design repensé pour réduire sa signature radar, ce missile devient plus difficile à détecter, et donc plus dangereux pour un adversaire.
À plus de 6 000 km/h, ce missile indien pourrait frapper sans riposte possible
Une réponse directe à l’agitation régionale
Le contexte sécuritaire dans lequel ce système émerge est tendu. La mer de Chine orientale est le théâtre régulier d’incursions de navires chinois, notamment autour des îles Senkaku, administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin. Parallèlement, Pyongyang multiplie les tirs de missiles qui tombent dans la zone économique japonaise, et la Russie militarise les îles Kouriles. Dans ce climat explosif, le Japon choisit de renforcer sa capacité de dissuasion. Le Type 12 amélioré peut frapper à distance, sans dépendre de l’aviation ou de la marine. Une manière claire de montrer que toute agression potentielle pourrait être neutralisée avant même d’atteindre les côtes nippones.
Un missile qui fait le tour des îles
Le Japon est un archipel composé de plus de 6 800 îles, ce qui complique la défense de ses littoraux. Grâce à un lanceur monté sur un châssis 8×8 ultra-mobile, le nouveau système peut se déplacer rapidement entre les îles, y compris sur des terrains difficiles comme ceux d’Okinawa ou de Kyushu. Ce lanceur est équipé de huit tubes de tir rectangulaires capables de lancer plusieurs missiles à la suite. Il dispose d’un système de stabilisation hydraulique, d’un cockpit blindé et d’un système de visée automatisé. Il peut donc se positionner, viser et tirer sans avoir besoin de structures complexes ni d’intervention aérienne.
Une technologie de rupture pour des frappes éclairs
La force de ce système ne repose pas seulement sur sa portée, mais aussi sur sa capacité à frapper vite et fort. Le missile est stocké dans un conteneur hermétique et peut être tiré en quelques secondes. La configuration en double rangée permet d’envoyer plusieurs projectiles en rafale sur un groupe de navires ennemis. Le tout est synchronisé avec les capteurs du sol, de la mer et de l’air, ce qui garantit une précision maximale même à très longue distance. Le véhicule peut ensuite se repositionner en toute discrétion pour échapper à la riposte. Cette agilité donne au Japon une supériorité tactique nouvelle sur son propre territoire maritime.
Une réponse industrielle et stratégique
La production en série du système a commencé en 2023. Le ministère japonais de la Défense prévoit d’équiper sept régiments spécialisés, répartis entre Hokkaido au nord et Okinawa au sud. Cette dispersion géographique permet de couvrir les points névralgiques du pays comme le détroit de Tsushima, le canal de Bungo ou le détroit de Miyako. Ce choix n’est pas anodin : ces passages sont les seuls accès maritimes entre la Chine et l’océan Pacifique. Contrôler ces goulets d’étranglement revient à verrouiller l’accès de toute flotte adverse. C’est là que réside la force réelle de ce système : une capacité d’interdiction sans équivalent terrestre dans la région.
Un bouclier terrestre contre les menaces navales
À l’heure où la liberté de navigation est régulièrement remise en cause dans la région, ce missile agit comme un garde-fou stratégique. Il permet au Japon de défendre ses côtes sans devoir sursolliciter ses frégates ou ses avions de chasse, tout en gardant un œil sur les mouvements navals adverses. La doctrine japonaise s’oriente ainsi vers une défense en profondeur, capable d’intervenir loin des côtes. Les ennemis potentiels savent désormais qu’ils peuvent être visés depuis la terre, sans même entrer dans les eaux territoriales japonaises. Un changement de paradigme dans l’approche défensive du pays.
Une évolution vers une armée plus proactive
Si le Japon a longtemps limité sa posture militaire à la seule autodéfense, ce nouveau système marque une rupture. Il s’intègre dans une politique de contre-attaque préventive récemment adoptée, qui autorise des frappes en amont d’une menace avérée. C’est une stratégie assumée de dissuasion active, qui tranche avec la prudence du passé. Le Type 12 ne fait pas que prolonger la portée de frappe : il transforme l’armée de terre japonaise en une force capable de bloquer un affrontement naval par ses seuls moyens terrestres. Ce rôle renforcé, autrefois réservé à la marine ou à l’aviation, revient désormais à des unités mobiles, rapides, et invisibles.
Tableau des étapes clés
Date | Événement | Lieu |
2023 | Début de la production en série | Japon |
2024 | Premier test réel sur l’île de Niijima | Sud de Tokyo |
Juin 2025 | Présentation officielle au public | Shizuoka – Exercice Fuji Firepower |
Année fiscale 2025 | Livraison aux régiments spécialisés | De Hokkaido à Okinawa |
Source : TWZ