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La Marine Chinoise se présente pour la première fois de l’histoire dans cette région du globe pour montrer ses muscles à son meilleur ennemi : les États-Unis

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Le dragon de l’ouest : la manœuvre qui inquiète Washington Fin mai 2025, un monstre d’acier long de plus de 300 mètres fend les eaux du Pacifique occidental. Son nom : …

La Marine Chinoise se présente pour la première fois de l’histoire dans cette région du globe pour montrer ses muscles à son meilleur ennemi : les États-Unis

Le dragon de l’ouest : la manœuvre qui inquiète Washington

Fin mai 2025, un monstre d’acier long de plus de 300 mètres fend les eaux du Pacifique occidental. Son nom : Liaoning. Officiellement en mission d’entraînement. Officieusement, c’est une démonstration de puissance qui ne passe pas inaperçue. Un message, clair, net, envoyé à ceux qui surveillent les eaux chaudes du Pacifique.

Pékin nie toute intention hostile. Mais la trajectoire de ce géant naval chinois raconte une toute autre histoire.

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Tout commence le 25 mai. Le Liaoning, porte-avions de 50 000 tonnes, ex-bâtiment soviétique reconverti, quitte sa zone d’opération habituelle. Escorté par plusieurs navires de guerre, il se trouve alors à environ 340 kilomètres au sud de l’île de Miyako, au Japon.

Quatre jours plus tard, le groupe aéronaval a franchi une distance de plus de 690 kilomètres vers le sud-est, le plaçant à environ 1 030 kilomètres des côtes japonaises, à mi-chemin entre les Philippines et Guam, territoire américain.

Ce mouvement, documenté par les ministères de la Défense japonais et américain, marque une première : jamais ce porte-avions ne s’était autant aventuré dans le Pacifique occidental. Une extension géographique qui n’a rien d’anodin.

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260 sorties aériennes en cinq jours

Durant cette percée, le Liaoning n’a pas navigué seul. Il a multiplié les manœuvres aéronavales avec une intensité rare : en seulement cinq jours, pas moins de 260 sorties d’avions de chasse et d’hélicoptères ont été enregistrées.

Autrement dit, plus de 50 mouvements aériens par jour, à des centaines de kilomètres de la base navale la plus proche. Ce niveau d’activité confirme une maîtrise logistique avancée et un état de préparation que peu d’observateurs soupçonnaient à ce stade.

Les autorités japonaises parlent d’un entraînement « délibéré et soutenu ». Pékin, de son côté, joue la carte de la banalisation. « Il s’agit d’un exercice de haute mer normal », déclare Wang Yunfei, ancien officier de la marine chinoise.

Un franchissement de seuil stratégique

Ce qui se joue ici dépasse la simple routine militaire. Pour la première fois, la marine de l’Armée populaire de libération opère loin de ses eaux territoriales, dans une zone traditionnellement dominée par la flotte américaine et ses alliés.

Pékin envoie un message clair : sa flotte n’est plus confinée aux mers proches comme la mer de Chine méridionale ou la mer de Chine orientale. Elle s’aventure désormais au cœur de l’océan Pacifique, au plus près des lignes stratégiques américaines.

Et ce n’est pas un hasard si la trajectoire du Liaoning le mène à proximité de Guam, bastion militaire majeur des États-Unis dans la région.

Une flotte en pleine montée en puissance

Le Liaoning n’est que la première pièce d’un puzzle plus vaste. Depuis 2017, deux autres porte-avions ont rejoint la marine chinoise : le Shandong, premier entièrement construit en Chine, et le Fujian, encore plus imposant avec ses 80 000 tonnes de déplacement.

Ces bâtiments ne sont pas seulement des vitrines technologiques. Ils sont les outils d’une stratégie : projeter la puissance chinoise bien au-delà de ses frontières.

Nom du porte-avions Année de mise en service Déplacement (en tonnes) Propulsion Capacité aérienne
Liaoning 2012 50 000 Conventionnelle Environ 40 aéronefs
Shandong 2019 55 000 Conventionnelle Environ 44 aéronefs
Fujian 2024 (tests en cours) 80 000 Conventionnelle Jusqu’à 60 aéronefs

Le Pacifique, nouveau théâtre d’affrontement naval

Les implications géopolitiques sont immédiates. Le Pacifique occidental devient un nouveau front de dissuasion, voire de confrontation indirecte. Pour les États-Unis, cette projection chinoise est une alerte rouge : la liberté d’action navale qu’ils y exercent depuis des décennies est désormais contestée.

Washington surveille de près. Guam est renforcé. Les patrouilles américaines dans la région se multiplient. L’équilibre stratégique dans l’Indo-Pacifique commence à se déplacer.

Et ce n’est qu’un début. La maîtrise des opérations lointaines exige des moyens lourds : ravitaillement, maintenance, commandement décentralisé. Le déploiement du Liaoning est donc aussi un test grandeur nature de la capacité chinoise à soutenir une guerre navale prolongée.

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Ce que cela dit du futur

Officiellement, la Chine affirme respecter le droit international et ne viser aucune nation en particulier. Officieusement, ses navires s’approchent de territoires américains, franchissent des lignes implicites, installent leur présence dans des zones hautement sensibles.

Il ne s’agit plus d’une simple montée en puissance militaire. Il s’agit d’une normalisation de la présence chinoise loin de ses côtes.

Et cette normalisation ne se fera pas sans frictions.

Le Liaoning, géant discret mais désormais trop visible, incarne cette mutation. L’histoire retiendra peut-être ce mois de mai 2025 comme le moment où la mer de Chine ne suffisait plus.

Source : https://www.globaltimes.cn/page/202506/1335323.shtml

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