Le Quarterhorse Mk 1 trace la voie des avions hypersoniques sans pilote.
C’est un petit avion qui fait grand bruit. Le Quarterhorse Mk 1, développé par la start-up américaine Hermeus, a récemment effectué son premier vol à Edwards Air Force Base. Conçu pour valider les systèmes critiques des futures plateformes hypersoniques, cet appareil sans pilote marque un pas de plus vers une aviation de défense plus rapide et plus agile.
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Un défi technique relevé en un temps record
Le plus impressionnant dans ce projet, c’est sa rapidité. En à peine un an, Hermeus est passé de la planche à dessin à un avion opérationnel. Un exploit salué par son PDG et cofondateur, AJ Piplica, qui voit dans ce succès la confirmation de l’approche itérative de l’entreprise : « Le Mk 1 a redéfini le rythme de conception et de vol de nouveaux aéronefs. »
Le développement éclair n’est pas qu’un slogan : les essais au sol ont précédé les premiers roulages à 130 nœuds (environ 240 km/h) sur le lac asséché d’Edwards. Les ingénieurs ont pu vérifier les performances aérodynamiques, la stabilité directionnelle et l’efficacité des surfaces de contrôle, des données précieuses pour les itérations suivantes.
Un avion taillé pour la vitesse
Le Quarterhorse Mk 1 adopte une aile à faible allongement et un rapport portance/poids élevé, idéal pour la haute vitesse. Mais cette architecture impose aussi des contraintes : un décrochage plus rapide et des phases de décollage et d’atterrissage plus délicates. Le premier vol a précisément testé ces points critiques.
Des images montrent le Mk 1 survolant la piste à basse altitude avant de se poser en douceur. Un test réussi qui valide les choix de conception et la capacité de l’avion à supporter ces contraintes dynamiques.
Des partenariats militaires et une vision à long terme
Le programme bénéficie d’un soutien appuyé de l’US Air Force. Le général de division Scott Cain, commandant du Air Force Test Center, a salué cette collaboration : « Les partenariats industriels sont essentiels pour développer et tester des capacités innovantes et disruptives pour nos forces. »
La campagne d’essais a permis de valider des systèmes clés : propulsion, carburant, hydraulique, avionique, gestion thermique et commandes de vol. Ces résultats servent de tremplin pour les prochaines étapes. Skyler Shuford, cofondateur et président de Hermeus, insiste : « Les données réelles de vol que nous avons obtenues avec le Mk 1 représentent une avancée technique que nous intégrons déjà au prochain avion. »
La suite du programme : viser plus haut
Le plan de développement de Hermeus est clair : construire un nouvel appareil chaque année. Le Mk 0 a servi de banc d’essai au sol, et le Mk 1 vient de démontrer le décollage et l’atterrissage télécommandés.
Le Mk 2, en construction au siège d’Atlanta, doit franchir le mur du son et voler à moins de Mach 3 d’ici la fin de l’année. Quant au Mk 3, il ambitionne de passer de la propulsion turbojet au statoréacteur (ramjet), avec l’objectif de dépasser le record de vitesse du SR-71 Blackbird.
Un horizon hypersonique
La feuille de route d’Hermeus illustre un tournant : faire du vol hypersonique une réalité industrielle et militaire. Si le premier vol du Mk 1 n’est qu’une étape, il symbolise une rupture de cadence dans un domaine où chaque nœud gagné rapproche les armées du futur.
Derrière la vitesse pure, c’est toute la filière de l’aviation qui se trouve bousculée : la maintenance, la fiabilité, mais aussi la stratégie des armées. Le Quarterhorse Mk 1, modeste dans ses dimensions, est peut-être le premier d’une nouvelle génération d’aéronefs capables de repousser les limites, un vol à la fois.
Les avions hypersoniques sans pilote, une affaire américaine
Le secteur des avions hypersoniques sans pilote est dominé par les États-Unis, avec le projet phare du SR-72 développé par Lockheed Martin, prévu pour un premier vol en 2025 et capable d’atteindre plus de Mach 5 (6 400 km/h). Ce drone hypersonique autonome est conçu pour des missions de reconnaissance et de surveillance, offrant une vitesse et une agilité inégalées pour échapper aux défenses ennemies.
La Russie et la Chine développent également des programmes hypersoniques sans pilote, intégrant des technologies avancées de navigation autonome sans GPS, afin d’améliorer la résilience et la précision des missions. Ces avions représentent une nouvelle génération d’armes stratégiques, capables de frapper ou d’espionner rapidement sur de longues distances, avec une entrée en service prévue vers 2030.
La course à l’hypersonique sans pilote illustre la montée en puissance des technologies autonomes dans le domaine militaire à l’échelle mondiale.
Source : Hermeus