L’Arctique, un théâtre stratégique pour la Royal Navy.
Le Royaume-Uni ne cache plus ses inquiétudes face aux manœuvres de la Russie dans l’Arctique. La guerre en Ukraine, toujours aussi brutale, semble s’étendre bien au-delà des plaines de l’Est européen. Dans le Grand Nord, la fonte des glaces ouvre des routes nouvelles, et la Royal Navy n’a pas l’intention de les laisser aux mains des Russes. Pour renforcer ses capacités, Londres mise désormais sur l’intelligence artificielle.
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La Royal Navy veut intégrer l’IA dans sa surveillance avancée de l’Arctique
Le recours à l’IA ne relève plus de la science-fiction pour les forces armées britanniques. Plus de 200 scientifiques collaborent déjà avec les militaires pour affiner des algorithmes capables de détecter les menaces en mer, sur terre et dans les airs. Récemment, la plus grande expérimentation jamais menée au Royaume-Uni a été orchestrée : cinq jours d’exercices pour tester la vitesse et la précision des IA conçues par Thales, capable d’identifier et de neutraliser des cibles ennemies.
Ce savoir-faire, la Royal Navy entend l’étendre à la surveillance des sous-marins russes. Ses drones autonomes SG-1 Fathom emportent un modèle d’IA qui peut distinguer le son d’un submersible de celui d’un cachalot. Une oreille numérique, en quelque sorte, pour percer les secrets de l’océan Arctique.
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Un partenariat stratégique avec l’Islande
Le Royaume-Uni ne veut pas jouer seul cette partie. Selon David Lammy, ministre des Affaires étrangères, un plan commun avec l’Islande sera dévoilé pour renforcer la surveillance des eaux arctiques. Il s’agira de combiner les efforts britanniques avec ceux de leurs voisins islandais et norvégiens, qui connaissent bien la mer de Barents et ses dangers.
Londres a débloqué plus de 750 000 dollars, soit 554 000 euros, pour financer des recherches au sein de l’Alan Turing Institute. L’objectif : comprendre comment l’IA peut améliorer la détection et la surveillance des activités russes. Dans un contexte où les câbles de communication sous-marins reliant l’Europe sont exposés, cette coopération apparaît comme une réponse pragmatique.
La fonte des glaces, un multiplicateur de risques
La montée des températures dans l’Arctique, qui ouvre de nouvelles voies navigables, ajoute une couche d’incertitude géopolitique. Ces routes, inaccessibles jusqu’alors, permettent aux navires russes de s’aventurer plus au sud, frôlant les eaux britanniques et celles de ses alliés.
Les sous-marins, eux, profitent des variations thermiques et de la complexité acoustique pour passer inaperçus. L’IA offre une réponse technique à ces défis, mais elle ne dissipe pas le risque : l’Arctique devient un échiquier où chaque mouvement compte.
Une pression internationale croissante
Le Royaume-Uni n’est pas le seul à voir d’un mauvais œil les ambitions russes. Donald Trump, jamais avare en formules chocs, qualifie Vladimir Poutine de « fou à lier » après les attaques de drones contre l’Ukraine. Emmanuel Macron, de son côté, espère que les mots de l’ancien président américain se traduiront par des actes concrets. Pendant ce temps, Volodymyr Zelenskyy réclame de nouvelles sanctions pour freiner l’appétit de Moscou.
Ces tensions internationales renforcent la conviction britannique qu’une surveillance accrue de l’Arctique est plus qu’un choix, c’est une nécessité.
Des questions sur l’efficacité réelle
Reste à savoir si l’IA, même la plus sophistiquée, peut répondre à tous les défis du Grand Nord. La Royal Navy, qui a été longtemps décriée comme étant la piètre descendante d’un passé prestigieux, voit dans ces algorithmes un moyen de gagner en réactivité, de réduire les angles morts, et de protéger ses lignes de communication.
D’autres armées intègrent déjà l’IA dans leurs systèmes de surveillance
Plusieurs armées ont déjà commencé à intégrer l’intelligence artificielle dans leurs systèmes de surveillance. C’est notamment le cas de la France où DEMAIA a vu le jour. Un véritable œil numérique capable de repérer, en un instant, la moindre menace tapie dans l’ombre. Les flux de données venus des capteurs, radars et drones deviennent des ruisseaux d’informations que l’IA peut transformer en analyses « digestes » pour les organes de surveillance.
Avec des programmes similaires on peut également citer les Etats-Unis, La Chine, Israël ou encore… la Russie.
Mais si l’IA est un formidable moyen pour ces pays d’améliorer leur surveillance, celle-ci ne reste qu’un outil qui ne révolutionnera pas à lui tout seul les conflits du futur. L’IA comme les drones ont encore besoin d’être intégrés dans des doctrines d’emploi et nul doute que les mois/années à venir seront cruciales pour ça.
Source : https://www.independent.co.uk/news/uk/politics/ai-russia-ukraine-war-arctic-b2758037.html
Image : Navire de guerre HMS Belfast et Tower Bridge dans la rivière Thames à Londres