L’armée américaine donne une nouvelle jeunesse à ses missiles pour abattre les drones modernes à plus longue distance
En intégrant une technologie de propulsion inédite dans des missiles des années 1980, les États-Unis préparent un nouveau système d’interception redoutable pour faire face à la menace grandissante des drones militaires.
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Un missile de la guerre froide revisé pour les menaces du XXIe siècle
Le FIM-92 Stinger, entré en service en 1981, était conçu pour l’engagement à courte portée contre des avions ou hélicoptères. Mais son moteur à carburant solide classique limitait sa portée et son efficacité contre les drones modernes. Désormais, le programme Red Wasp vise à changer la donne. La portée initiale du Stinger ne dépassait pas les 4 km, ce qui devenait insuffisant face aux drones de reconnaissance capables d’opérer depuis bien plus loin. Les ingénieurs américains ont donc imaginé une propulsion à statoréacteur solide pour multiplier cette portée.
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Le pari audacieux du statoréacteur solide
L’idée d’intégrer un statoréacteur à combustible solide dans un missile de petite taille paraissait folle. Mais les chercheurs du DEVCOM AvMC ont relevé le défi : en moins de 18 mois, ils ont réalisé un tir réussi. Le principe est simple en apparence : un moteur à poudre classique démarre le missile, puis, une fois à vitesse supersonique, l’air entre dans une chambre de combustion où il est mélangé à du carburant solide. Ce mécanisme prolonge la poussée sans besoin d’oxygène interne, économisant de la masse et augmentant la portée.
Objectif : neutraliser les drones à longue distance
Avec Red Wasp, les États-Unis cherchent à créer un intercepteur à longue portée spécialisé dans la chasse aux drones ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance). Ceux-ci sont capables de détecter et cibler des troupes bien avant d’entrer dans la zone de portée des armes classiques. Ce nouveau missile permettrait aux soldats de détruire ces « yeux volants » avant même qu’ils puissent voir leurs cibles. Un changement radical pour la survie des forces au sol.
Une initiative 100 % publique pour accélérer
Contrairement à de nombreux projets confiés à des industriels, Red Wasp est développé entièrement en interne. Cela permet de gagner en agilité, de tester rapidement différentes versions, et d’avancer plus vite dans la montée en maturité technologique. La prochaine campagne de tests est prévue pour juillet 2025 avec six variantes de moteurs différents. Chaque prototype aura un carburant et un isolant thermique uniques afin d’évaluer les performances en vol et d’optimiser le design.
Vers une intégration dans un système complet
À moyen terme, l’objectif est d’intégrer Red Wasp dans un système d’interception complet capable de s’adapter aux futurs besoins du terrain. Ce moteur pourrait servir de base à d’autres missiles, militaires ou civils. Des partenariats industriels sont envisagés, mais l’armée veut garder la maîtrise du coeur technologique pour garantir la souveraineté de l’innovation.
Les avantages d’une propulsion hybride
Les systèmes SHORAD actuels (Short Range Air Defense) ont atteint leurs limites contre les menaces à haute vitesse et longue portée. Red Wasp introduit une alternative capable de maintenir une vitesse élevée tout au long du vol. Avec des vitesses supérieures à Mach 2, la trajectoire reste tendue et difficile à intercepter. Le missile peut ainsi frapper un drone à distance, réduisant les risques pour les soldats au sol.
Une réponse à la nouvelle guerre des drones
Alors que les armées du monde entier investissent dans les drones autonomes, la capacité à les intercepter rapidement et à moindre coûts devient stratégique. Red Wasp pourrait être la réponse à cette mutation du champ de bataille. Ce projet montre que même un missile de la guerre froide peut être repensé pour répondre aux menaces du futur, à condition d’y injecter la bonne dose d’ingénierie et d’audace.
Source : Army