En quelques années, ce camion blindé a redéfini l’artillerie tricolore et s’est un imposé comme une référence internationale.
Les armées occidentales des années 1990 cherchaient un compromis. Le transport de lourdes pièces d’artillerie sur des terrains accidentés relevait souvent de l’exploit logistique. Le CAESAR est né d’un cahier des charges stricte de la part de l’armée de terre française : celui de lier la rapidité d’un camion tout-terrain à la force de frappe d’un canon de 155 mm. Un mariage réussi, qui a offert une alternative légère et efficace aux véhicules chenillés traditionnels.
Ses performances en font un partenaire redoutable sur le champ de bataille, capable de frapper fort et vite, tout en disparaissant avant la riposte ennemie. Le conflit encours entre l’Ukraine et la Russie l’a propulsé sur le devant de la scène où son efficacité lui a valu le surnom de « roi des canons »… Avec un succès commercial à la clé pour l’Hexagone !
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Un projet né d’une quête de mobilité : le canon CAESAR
Le développement du CAESAR commence dans les années 1990. À l’époque, l’armée de terre française cherche un système qui puisse s’adapter aux exigences nouvelles des conflits. Les véhicules chenillés sont redoutables mais lents, coûteux et gourmands en carburant.
L’idée germe : pourquoi ne pas installer un canon puissant sur un châssis de camion ? Une idée simple en apparence, mais qui nécessite de repenser totalement les équilibres techniques et tactiques.
Le résultat est un engin long de 10 mètres, haut de 3,7 mètres et pesant environ 17 tonnes. Avec ses six roues motrices, il est capable de parcourir plus de 600 kilomètres sans ravitaillement, à une vitesse de pointe de 100 km/h sur route. De quoi le transformer en un véritable éclaireur armé, toujours prêt à se déployer.
La puissance de feu au service de la précision
Au cœur du CAESAR, un canon de 155 mm, calibre standard des forces de l’OTAN. Capable de tirer des obus explosifs à une distance de 40 kilomètres, il peut même atteindre des cibles plus éloignées avec des projectiles guidés.
Le secret de sa puissance réside dans sa cadence de tir : jusqu’à six coups par minute. Une performance qui permet de saturer une zone en un temps record, avant de reprendre la route pour échapper à la contre-batterie.
La combinaison d’une portée impressionnante et d’une mobilité de camion en fait un outil redoutable pour neutraliser des cibles à longue distance tout en échappant aux radars ennemis.
Récapitulatif des performances du canon CAESAR :
| Calibre | 155 mm |
|---|---|
| Portée maximale | 40 km (obus classique) |
| Cadence de tir | 6 coups par minute |
| Poids | 17 tonnes |
| Vitesse maximale | 100 km/h |
Une technologie de pointe au cœur du système
Le CAESAR n’est pas qu’un simple canon sur roues. Il intègre des systèmes électroniques avancés pour la navigation, le ciblage et la communication. Grâce à un poste de tir automatisé, l’équipage peut préparer un tir précis en quelques secondes.
Les artilleurs n’ont plus à manœuvrer manuellement les lourds obus ou à calculer les angles de tir. Le système embarqué calcule la trajectoire, ajuste les paramètres en temps réel et offre un affichage clair pour un tir optimal.
Cette modernisation réduit considérablement les risques pour l’équipage, tout en augmentant la réactivité face aux menaces. Les CAESAR peuvent ainsi s’intégrer aux réseaux de commandement les plus modernes, échangeant en permanence des données avec les forces alliées.
Des théâtres d’opérations variés
Le CAESAR a prouvé sa valeur sur des terrains très différents :
- En Afghanistan : il a été utilisé pour appuyer les troupes alliées face aux insurgés. Sa capacité à se déployer rapidement dans les montagnes et à frapper des cibles retranchées a été saluée.
- Au Sahel : ses capacités de déplacement ont été mises à profit pour traquer les groupes armés mobiles. Ses obus précis permettaient de neutraliser des positions défensives ou de soutenir l’infanterie dans des zones reculées.
- En Ukraine, il a joué et joue encore un rôle clé dans la défense contre des colonnes mécanisées, démontrant une fois de plus l’efficacité de l’artillerie mobile. Capable de frapper puis de se retirer avant la riposte, il est devenu un véritable cauchemar pour les troupes russes qui ne savent jamais d’où vient le dernier coup porté. Il accuse d’ailleurs un taux de perte inférieur à 10%, ce qui stupéfie jusqu’aux américains en général avares de compliments lorsqu’il s’agit de matériels français !
Une success story à l’export
Le succès du CAESAR dépasse largement les frontières françaises. Plusieurs pays l’ont adopté, séduits par son rapport poids/puissance et sa flexibilité opérationnelle.
Voici un tableau récapitulatif des forces armées utilisant le canon automoteur CAESAR et le nombre approximatif d’unités en service ou commandées par pays, basé sur les informations disponibles à ce jour :
| Pays | Nombre de CAESAR (environ) | Commentaires principaux |
| France | ~186 | Utilisation historique, modernisation continue, soutien à l’Ukraine, remplacement des stocks |
| Arabie Saoudite | ~156 | Importante commande, système clé dans l’artillerie saoudienne |
| République tchèque | ~62 | Commande importante pour moderniser l’artillerie |
| Indonésie | ~55 | Usage opérationnel confirmé |
| Belgique | 28 (commandés) | Livraison prévue entre 2027-2028, remplacement des LG1 |
| Arménie | 36 (commandés en 2024) | Commande récente signée lors d’Eurosatory 2024 |
| Estonie | 12 (commandés en 2024) + 6 optionnels | Premières livraisons en 2025, déploiement progressif |
| Ukraine | > 60 (livrés et en commande) | Soutien massif de la France et alliés, livraisons en cours |
| Danemark | 19 (commandés, livrés à l’Ukraine) | Commande initialement pour Danemark, finalement livrés à l’Ukraine |
| Luxembourg | 1 | Commande récente pour soutien à l’Ukraine |
| Croatie | 30 (prévu avant 2026) | Contrat en négociation pour équiper deux bataillons |
| Lituanie | 18 (commandés) | Commande confirmée en 2022 |
Chaque version est adaptée aux besoins spécifiques des clients : climat tropical, routes glacées ou terrains montagneux. Les ingénieurs de Nexter Systems / KNDS n’ont cessé d’améliorer le modèle, intégrant de nouveaux systèmes de communication et augmentant la portée du canon.
Comment se situe le canon CAESAR sur le marché des canons ?
| Système d’artillerie | Nombre d’unités vendues | Estimation chiffre d’affaires (milliards €) | Principaux clients | Particularités / Avantages |
| CAESAR (Nexter / KNDS) | > 650 unités | ~2 milliards € | France (186), Arabie Saoudite (156), Indonésie (55), République tchèque (62), Bulgarie (en négociation) | Mobilité élevée, tir « shoot and scoot », production accélérée (jusqu’à 12 par mois) |
| K9 Thunder (Hanwha, Corée) | > 1 400 unités | ~3-4 milliards € | Corée du Sud, Pologne, Finlande, Norvège, Estonie, Inde, Indonésie | Canon automoteur chenillé, grande puissance de feu, forte protection blindée |
| Archer (BAE Systems, Suède) | ~60-80 unités | ~0,3 milliards € | Suède, Norvège | Système très mobile, tir rapide, intégré aux forces nordiques |
| ATMOS 2000 (Elbit Systems, Israël) | ~200 unités | ~0,6 milliards € | Chili, Philippines, Maroc (préféré au CAESAR récemment) | Système modulaire, bonne mobilité, prix compétitif |
| SH-15 (Norinco, Chine) | ~100 unités | ~0,5 milliards € | Chine, Pakistan | Système récent, bonne portée et cadence de tir |
Avec ses performances et sa conception adaptable, le CAESAR s’est imposé comme un symbole de l’artillerie de demain. Il n’est encore « que » le second canon automoteur le plus vendu au monde derrière son homologue coréen le K9 Thunder mais ses récents succès en Ukraine pourrait bien en faire le nouveau succès commercial de la France sur le marché de l’artillerie mobile.
Source : KNDS France pour les spécificité techniques du canon CAESAR
Image : Obusier automoteur Caesar tirant dans la moyenne vallée de l’Euphrate, 2 décembre 2018.
