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La Russie ne voit pas d’un bon œil ce navire français qui vient de se glisser dans les eaux de la mer Baltique et qui pourrait mettre fin à sa « flotte fantôme »

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Ce navire français espionne la flotte russe en mer Baltique. Le 21 mai 2025, un navire discret mais redoutable s’est glissé dans les eaux de la Baltique. Le Dupuy de …

La Russie ne voit pas d'un bon œil ce navire français qui vient de se glisser dans les eaux de la mer Baltique et qui pourrait mettre fin à leur "flotte fantôme"

Ce navire français espionne la flotte russe en mer Baltique.

Le 21 mai 2025, un navire discret mais redoutable s’est glissé dans les eaux de la Baltique. Le Dupuy de Lôme, véritable oreille flottante de la marine française, a été aperçu à Helsinki. Objectif : intercepter les communications de la flotte russe et traquer les pétroleurs sous faux pavillon. Une opération tendue dans une zone sous haute tension.

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Le Dupuy de Lôme n’est pas un navire de guerre comme les autres. Long de 101,75 mètres, large de 15,85 mètres, et affichant un tirant d’eau de 4,91 mètres, ce vaisseau déplace 3 100 tonnes à vide et jusqu’à 3 600 tonnes en charge. Sa vitesse de croisière atteint 30 km/h et son autonomie lui permet de rester en mer 30 jours sans assistance. Sa puissance est assurée par deux moteurs diesel MaK 9 M 25 délivrant au total 2 990 kW, complétés par un ensemble d’alternateurs diesel Caterpillar et de générateurs d’arbre cumulant 2 720 kW supplémentaires.

Mais c’est à l’intérieur que le vaisseau dévoile sa véritable force : une unité d’une centaine de spécialistes du renseignement électronique y opèrent en continu. Leur mission : écouter, intercepter, analyser. Le navire n’a que deux mitrailleuses lourdes de 12,7 mm pour se défendre. Il n’en a pas besoin d’avantage : sa précieuse cargaison, c’est l’information.

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Une entrée remarquée dans une mer sous tension

Le 20 mai 2025, des observateurs finlandais ont repéré le navire à quai à Helsinki. L’information a rapidement été confirmée par des sources ouvertes, photos à l’appui. Le lendemain, l’appareil mettait cap au large pour entamer une mission d’observation en mer Baltique.

C’est une première pour le Dupuy de Lôme, entré en service en 2006 et basé à Brest. Sa présence répond à l’urgence d’un contexte explosif : à Tallinn, les autorités estoniennes viennent d’intercepter un navire suspecté d’être lié à la « shadow fleet » russe. Moscou a répliqué en arraisonnant un pétrolier grec. Les tensions ne font que grimper.

L’ombre mouvante de la « flotte fantôme »

La cible principale du navire français : une armada discrète mais massive. La  « flotte fantôme » (ou « shadow fleet » dans la langue de Shakespeare), ce réseau de tankers souvent vieux, sous pavillons de complaisance, sans assurance ni identité claire, permet à la Russie d’écouler son pétrole en dépit des sanctions. Ils naviguent sans AIS, changent de nom comme de pavillon, et s’approvisionnent en mer.

C’est pour traquer ces navires fantômes que le Dupuy de Lôme a été mobilisé. Il intercepte les ondes radio, détecte les signatures radar, capte les émissions électromagnétiques. Le but : localiser, documenter, transmettre aux alliés. Une guerre de l’ombre, sans canon, mais pas sans enjeux.

Le Dupuy-de-Lôme dans le port de Brest en 2011.
Le Dupuy-de-Lôme dans le port de Brest en 2011.

Une sentinelle au service de l’OTAN

Ce déploiement s’inscrit dans le cadre de l’opération « Baltic Sentry », menée par l’OTAN pour protéger les infrastructures maritimes et surveiller les activités russes. Le Dupuy de Lôme agit comme un relais stratégique : un centre de renseignement mobile au cœur d’une mer sous pression.

La mission est discrète, mais capitale pour les alliés. La mer Baltique, espace jadis dominé par l’URSS, est devenue un véritable patchwork de tensions. La Finlande est entrée dans l’OTAN, la Suède suit, les pipelines et câbles sous-marins sont des cibles potentielles. Chaque détection, chaque signal intercepté, peut prévenir un incident.

Une guerre de l’écoute au XXIème siècle

Le conflit en mer Baltique ne se livre pas qu’à coups de missiles. Il se joue à l’oreille. Capteur après capteur, spectre après spectre, le renseignement électromagnétique est devenu un pilier des stratégies militaires modernes.

Dans cette partie d’échecs géopolitique, le Dupuy de Lôme n’est qu’un pion. Mais un pion qui entend tout. Qui sait qui parle à qui, sur quelle fréquence, dans quel but. Un rôle invisible, mais fondamental.

Et tandis que les projecteurs se braquent sur les destroyers et les avions de chasse, c’est parfois ce navire discret qui livre les clefs de la partie…

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