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La France et la Norvège montrent la voie au reste de l’Europe dans sa quête de souveraineté militaire avec une alliance entre leurs 2 champions de l’armement

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Un partenariat stratégique signé entre la Norvège et la France. Après deux ans de discussions tenues secrètes, c’est désormais officiel : Kongsberg Defence & Aerospace et Naval Group ont signé …

La France et la Norvège signent un partenariat historique entre leur 2 champions de l'armement naval et confirme la dynamique européenne de souveraineté en la matière

Un partenariat stratégique signé entre la Norvège et la France.

Après deux ans de discussions tenues secrètes, c’est désormais officiel : Kongsberg Defence & Aerospace et Naval Group ont signé un accord de partenariat stratégique couvrant l’ensemble du cycle de vie des systèmes navals. Cette va marquer un jalon important dans l’histoire de la défense européenne.

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L’accord repose sur quatre piliers : développement technologique, production industrielle, soutien logistique et marketing commun à l’export. Il vise à mutualiser les savoir-faire pour faire face à des menaces navales en constante évolution.

Ce géant de l’armement français prend les choses en main pour son pays et lui permet de rattraper son retard dans le laser à cascade quantique

Qui est Kongsberg, le nouveau partenaire norvégien du champion français Naval Group ?

Kongsberg est un groupe norvégien spécialisé dans la défense, le maritime et l’aérospatial, qui a réalisé un chiffre d’affaires record de 4,13 milliards d’euros en 2024, en hausse de 14 % par rapport à l’année précédente. Son carnet de commandes atteignait 12,2 milliards d’euros fin mars 2025, porté par une forte demande en systèmes de missiles et de défense aérienne. L’entreprise emploie plus de 13 300 personnes à travers le monde et affiche une marge opérationnelle supérieure à 11 %. Son résultat net pour 2024 s’élève à 330 millions d’euros, confirmant sa rentabilité et sa croissance rapide. L’entreprise est majoritairement détenue par l’État norvégien et figure parmi les leaders européens des technologies de défense et de l’innovation maritime et se classait en 2023 au 61e rang mondial pour la production d’armement.

Dix domaines de coopération très concrets

Le contenu de l’accord est ambitieux. Pas moins de dix sous-domaines de coopération ont été identifiés, allant des tâches classiques aux enjeux les plus technologiques :

  • Maintenance et soutien de frégates sur toute leur durée de vie
  • Déploiement du système Vanguard de commandement et de surveillance
  • Développement de capacités homme-machine (Man Unmanned Teaming, ou MUM-T)
  • Solutions anti-drones
  • Missiles de frappe navale (probablement autour du missile NSM de Kongsberg)
  • Cybersécurité navale
  • Intégration de systèmes de combat avancés
  • Concepts de combat collaboratif naval

Le partenariat inclut un partage approfondi d’expertise technique, en particulier sur des technologies émergentes adaptées aux nouveaux théâtres d’opérations.

Une impulsion industrielle pour la Norvège et la France

L’accord devrait aboutir à la création de centaines d’emplois dans les deux pays.

En Norvège, les partenaires industriels locaux de Kongsberg bénéficieront également directement des retombées technologiques et commerciales de l’accord. En France, Naval Group va pourvoir renforcer son ancrage dans la haute technologie navale européenne tout en intégrant les compétences scandinaves.

Ce rapprochement reflète tous les efforts européens pour diminuer toute dépendance vis-à-vis de fournisseurs extérieurs à l’OTAN.

Un signal fort en faveur de la marine norvégienne

Naval Group, déjà fournisseur de plusieurs marines européennes, entend désormais devenir un acteur central pour la marine royale norvégienne. Ce partenariat pourrait accélérer son intégration dans les futurs appels d’offres liés aux frégates, sous-marins et drones maritimes norvégiens.

La Norvège, quant à elle, y voit l’opportunité d’assurer la souveraineté technologique de sa flotte, tout en contribuant à la structuration d’un écosystème européen de défense plus cohérent et plus agile.

Vers une défense européenne plus interopérable

En signant ce partenariat, Kongsberg et Naval Group envoient un signal fort : l’avenir de la supériorité navale de l’Europe passera par des coopération industrielle transfrontalière de ce type. L’enjeu est autant économique que stratégique : proposer des systèmes interopérables, flexibles, adaptés aux menaces hybrides.

L’accord jette les bases d’une feuille de route conjointe pour l’innovation, l’exportation et la résilience des flottes européennes. Dans un environnement où la technologie évolue plus vite que les doctrines militaires, miser sur la complémentarité franco-norvégienne pourrait bien s’avérer être le bon cap.

Chiffres clés Kongsberg (Norvège) Naval Group (France)
Chiffre d’affaires 2024 5,2 Mds € (env. 60 Mds NOK) 4,3 Mds €
Résultat opérationnel 892 M€ (env. 10 Mds NOK, Q1 2025) 298 M€ (EBITA 2023, 7% du CA)
Carnet de commandes 12,2 Mds € (env. 134 Mds NOK, Q1 2025) 14,4 Mds € (fin 2023)
Effectifs 12 800 salariés (2025) 19 600 salariés (2023)
Secteurs principaux Défense, maritime, aérospatial, énergie Naval de défense, sous-marins, services
Siège Kongsberg, Norvège Paris, France

 

Image : Frégate de Défense et d’Intervention (FDI) l’Amiral Ronarc’h, fleuron technologique de Naval Group

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