En pleine montée des tensions avec la Chine, Taïwan vient de réussir le tir d’essai de son missile sol-air Land Sword II. Conçu localement, ce système défensif ultra-mobile marque une avancée technologique majeure pour l’île, qui veut prouver qu’elle peut se défendre seule.
Développé pour intercepter des avions, des drones ou des missiles de croisière, le Land Sword II complète une stratégie de défense en couches, pensée pour contrer les attaques massives venues du continent. Avec cette réussite, Taïwan montre qu’elle n’est plus seulement consommatrice de technologie militaire, mais aussi créatrice.
A lire aussi :
- Ce blindé léger turc va débarquer en Europe avec une promesse : bousculer le marché de la défense
- L’armée française est un des premiers employeurs du pays avec 26 000 offres d’emploi par an et sa dernière campagne de recrutement est un modèle du genre
Une riposte technique taillée pour le ciel taïwanais
Le Land Sword II est le fruit d’années de développement local, basé sur une version navale du missile Sky Sword II, elle-même dérivée d’un modèle air-air. Cette évolution technologique donne naissance à un missile capable de protéger l’île contre des menaces aériennes multiples. Avec un portée estimée à 15 km, ce système peut cibler avions, hélicoptères, drones et missiles de croisière. Il est doté d’un radar actif autonome, de commandes de vol vectorielles, et il peut fonctionner par tous les temps, même dans un environnement électromagnétique saturé.
Avec ce canon automatique, l’Europe veut prouver qu’elle n’a plus besoin des États-Unis
Un missile monté sur camion pour une défense agile
L’un des atouts du Land Sword II réside dans sa mobilité. Chaque unité repose sur un camion lanceur équipé de quatre pods, permettant des déploiements rapides et discrets. Cette capacité est essentielle pour survivre à une frappe initiale surprise. Taïwan prévoit de déployer six batteries, soit environ 30 lanceurs, pour couvrir ses sites sensibles et zones urbaines. L’ensemble forme un bouclier antiaérien court et moyen rayon complémentaire des missiles longue portée américains Patriot PAC-3 et taïwanais Tien Kung III.
Une démonstration de force réussie en conditions réelles
Le 13 mai 2025, l’armée taïwanaise a réalisé un tir réel depuis la base militaire de Jiupeng. Trois missiles ont été tirés contre des cibles drones simulant des menaces aériennes ennemies. Les trois interceptions ont été confirmées comme réussies. Ce test faisait partie de l’exercice national Shen Gong (“Arc Divin”), qui vise à entraîner la coordination entre branches de l’armée dans un contexte de conflit de haute intensité. Il démontre la maturité opérationnelle du système dans un environnement réaliste.
Une stratégie de défense pensée en couches
Le Land Sword II vient s’insérer dans un dispositif de défense multicouche conçu pour parer aux nouvelles menaces : frappes de saturation, essaims de drones, missiles guidés… Avec la montée en puissance de l’armée chinoise, Taïwan sait que la première ligne de défense ne sera pas suffisante. D’où l’importance de disposer de plusieurs niveaux d’interception, pour protéger aussi bien les centres stratégiques que les infrastructures civiles.
Un symbole d’indépendance technologique
Le développement du Land Sword II par l’institut public NCSIST reflète la volonté de Taïwan d’assurer sa propre sécurité, sans dépendre uniquement des États-Unis. Le missile a d’ailleurs été initialement présenté à l’IDEX d’Abu Dhabi, signe d’une ambition exportatrice. Sa modularité permet une intégration future avec d’autres systèmes alliés, ce qui pourrait faire de ce missile un produit stratégique dans la région indo-pacifique. Taïwan affiche ainsi une posture d’acteur militaire régional, et non plus de simple spectateur.
Une réponse directe aux incursions aériennes chinoises
Face aux violations fréquentes de son espace aérien par des avions militaires chinois, Taïwan envoie un message clair : elle se prépare, elle innove, et elle riposte. Le Land Sword II renforce la résilience de l’armée de terre taïwanaise, en lui offrant une capacité de réaction rapide contre les menaces aériennes multiples. Il s’inscrit dans la nouvelle doctrine de défense insulaire : rapide, dispersée, et technologiquement agile.
Une montée en puissance assumée
Ce tir réussi n’est pas qu’un progrès technique. C’est un signal stratégique envoyé à Pékin. Taïwan affiche sa capacité à produire des systèmes d’armes avancés, à les tester avec succès, et à les intégrer dans une stratégie globale.
Source : Compte X du Ministère de La Défense de Taiwan