Du 6 mai au 15 juin 2025, l’exercice Polaris mobilise des milliers de militaires français et étrangers, des dizaines de navires et d’aéronefs, pour tester la capacité de la France à défendre ses bases navales contre une menace d’envergure.
Cette édition 2025 marque un tournant stratégique : pour la première fois, les opérations se déplacent dans l’Atlantique avec des débarquements simulés sur les côtes anglaises et françaises, des affrontements navals de haute intensité, et des attaques hybrides contre les ports de Brest et Cherbourg. L’objectif : préparer la Marine nationale à un conflit moderne mêlant guerre cyber, drones, commandos et frappes coordonnées.
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Une montée en puissance sur 40 jours d’opérations
L’exercice Polaris 25 s’étend sur quarante jours, du 6 mai au 15 juin. C’est deux fois plus long que la première édition organisée en Méditerranée en 2021. L’enjeu est de tester l’endurance des équipages, mais aussi d’intégrer toutes les dimensions d’un conflit moderne : marine, terre, air, cyber et information. La première phase, du 6 au 26 mai, est entièrement française. Elle consiste à défendre les ports de Brest et Cherbourgface à des menaces hybrides, incluant des drones, des commandos, des cyberattaques ou des mines marines.
Un scénario de guerre réaliste et asymétrique
La Marine a volontairement gardé les détails du scénario secrets pour ne pas nuire à l’effet de surprise, mais un document de présentation indique des attaques ciblées sur les ports militaires atlantiques. L’objectif : simuler une phase de contestation puis de confrontation, avec escalade progressive du conflit. Les bases devront faire face à des assauts multiples sur leurs accès maritimes, aériens et numériques. Ces situations visent à bousculer les automatismes, forcer les réactions improvisées, et améliorer la coordination entre unités navales, terrestres et aériennes.
Une coalition amphibie sur les côtes anglaises
À partir du 26 mai, place à une coalition internationale. Des navires de France, Espagne, Italie, Royaume-Uni et Pays-Bas forment une force expéditionnaire amphibie. Elle embarque des bataillons français, britanniques, espagnols, italiens et brésiliens, ainsi que des hélicoptères d’assaut. Entre le 1er et le 6 juin, une opération de débarquement aura lieu sur la côte du Devon, au sud-ouest de l’Angleterre. Cette phase comprend un appui aérien tactique, des reconnaissances amphibies, et une sécurisation progressive des plages dans un contexte de confrontation directe.
Un affrontement naval sur plusieurs axes
Du 6 au 10 juin, les forces bleues et rouges s’affrontent en mer. La task force bleue comprend les bâtiments amphibies et leurs escortes ; la force rouge est composée de frégates françaises, italiennes et néerlandaises. Les sous-marins nucléaires français pourraient être intégrés dans l’un ou l’autre camp. La manœuvre est complexe, car elle combine la guerre de surface, la lutte anti-sous-marine et l’usage de l’espace et du cyberespace. La rotation des rôles entre les marines participantes permet de multiplier les scénarios et de renforcer l’interopérabilité.
Une phase finale sur les plages françaises
À partir du 11 juin, l’action revient sur les côtes françaises. Une nouvelle opération de débarquement aura lieu entre l’estuaire de la Gironde et Bayonne, sur les plages du sud-ouest. Une zone d’exclusion aérienne a été annoncée par la DGAC, confirmant la mobilisation de l’espace aérien pour cette phase. Cette dernière étape est cruciale : elle teste la capacité à projeter et soutenir une force terrestre depuis la mer, dans un environnement contesté. Elle inclura également des simulations de retrait stratégique, une composante peu entraînée en Europe jusqu’ici.
Une armée française en quête de réalisme
Sous le commandement de l’amiral Nicolas Vaujour, la Marine française pousse ses unités à aller plus loin dans le réalisme opérationnel. Ces derniers mois, elle a expérimenté :
- L’explosion d’une mine à proximité d’une frégate en navigation
- Le tir réel d’une torpille lourde F21 contre une cible désarmée
- Le test en mer d’un drone naval kamikaze
Ces exercices visent à durcir les réflexes de combat, mais aussi à intégrer les nouveaux types de menaces comme les attaques asymétriques ou les frappes de saturation.
Une vision partagée avec les alliés européens
Polaris 25 s’inscrit dans une logique de coopération renforcée avec l’OTAN et les partenaires européens. L’implication de l’Espagne, de l’Italie, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et du Brésil montre une volonté partagée de préparer des réponses coordonnées aux menaces dans l’Atlantique. La présence de moyens aériens français, notamment les Rafale Marine et les avions ravitailleurs Airbus, appuie la composante navale. La France veut démontrer qu’elle est capable de coordonner une manœuvre amphibie multinationale, depuis la planification jusqu’au combat de haute intensité.
Source : Ministère des armées