Pékin frappe fort avec le lancement du Blue Whale, un submersible ultra-rapide et sans équipage, capable d’agir sous l’eau pendant 30 jours. Un bijou technologique qui pourrait aussi bien observer les océans que mener des missions secrètes.
La Chine vient de présenter un engin marin inédit qui pourrait transformer la guerre sous-marine. Baptisé Blue Whale, ce submersible autonome, capable d’opérer sans pilote pendant un mois, combine vitesse en surface et silence dans les profondeurs. Officiellement civil, il intrigue les observateurs pour son potentiel militaire. Entre cartographie, analyse météo et minage sous-marin, ce géant technologique de 12 tonnes pourrait bien cacher un arsenal d’usages stratégiques.
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Un engin marin jamais vu auparavant
Le Blue Whale n’est ni un drone marin classique, ni un sous-marin au sens strict. Ce submersible sans équipage mesure 11 mètres de long pour 12 000 kg et combine la rapidité d’un navire de surface avec la discrétion d’un véhicule sous-marin. Il peut atteindre 36 nœuds (environ 67 km/h) à la surface et plonger jusqu’à 60 mètres pour échapper à un danger ou effectuer une mission discrète. Son autonomie impressionne : il reste en immersion jusqu’à 30 jours. Conçu pour résister aux typhons, ce mastodonte peut naviguer dans des conditions extrêmes avec des vents dépassant les 130 km/h, tout en continuant sa mission. De quoi interroger sur ses véritables intentions : simple observateur météo ou plateforme militaire déguisée ?
Une intelligence artificielle aux commandes
Ce qui fait du Blue Whale une révolution technologique, c’est son système de pilotage autonome. L’intelligence artificielle embarquée planifie des routes, adapte les missions et prend des décisions en temps réel. Résultat : selon ses concepteurs, il serait trois fois plus efficace qu’un engin télécommandé classique. Lors de sa mission, il peut se positionner près des trajectoires de typhons, déployer des capteurs pour mesurer température, pression et salinité, et transmettre ces données en direct. C’est un outil parfait pour étudier les océans… mais aussi pour surveiller discrètement les mouvements ennemis sous la surface.
Performances impressionnantes sur tous les fronts
Le Blue Whale ne se contente pas de vitesse. En immersion, il peut avancer à 4 nœuds (environ 7,4 km/h), ce qui reste honorable pour un engin silencieux. Son système de propulsion hybride alterne entre jets d’eau rapides et moteurs magnétiques silencieux, lui permettant de changer de mode selon les besoins : fuite rapide ou surveillance furtive. Son revêtement spécial absorbe les sons et le rend aussi discret que le bruit de fond de l’océan. Un atout pour les missions d’écoute, les observations écologiques ou même les missions secrètes, là où le silence est une arme.
Une plateforme multi-missions adaptable
Le design modulaire du Blue Whale lui permet de transporter plus de 20 types de charges utiles. Il peut embarquer des capteurs météo, des caméras, des appareils de cartographie, des outils de prélèvement d’eau ou encore des équipements pour inspecter les câbles sous-marins. Grâce à cette modularité, le même engin peut être transformé en laboratoire flottant, en outil de surveillance ou en cartographe du fond marin. Il peut aussi s’arrêter et rester suspendu sous l’eau en pleine mer, prêt à intervenir en cas d’événement inattendu.
Un œil sous-marin sur les fonds marins
Lors de ses essais en mer de Chine méridionale, le Blue Whale a réussi à cartographier 3 000 km² de fonds marins en 15 jours. C’est cinq fois plus rapide que les navires de recherche traditionnels. Son sonar multifaisceaux lui permet d’observer les reliefs sous-marins en haute définition, un atout pour l’exploration mais aussi pour préparer des opérations militaires. Il embarque également des capteurs pour surveiller la faune, analyser la qualité de l’eau et détecter des événements naturels comme les migrations de poissons ou le blanchissement des coraux. Officiellement, ces données sont destinées à la recherche écologique. Mais les analystes y voient aussi un outil de renseignement marin avancé.
Un calendrier rapide pour une mise en service d’ici 2026
Date | Événement marquant |
Juin 2024 | Début de la construction du Blue Whale |
28 avril 2025 | Lancement officiel du submersible à Zhuhai |
Mai 2025 – fin 2025 | Essais en mer et validations techniques |
Début 2026 | Mise en service opérationnelle prévue |
Des usages civils… mais des soupçons militaires
La Chine affirme que le Blue Whale est destiné à la recherche civile, notamment l’étude des typhons. Mais son lancement soulève des inquiétudes : les véhicules autonomes sous-marins sont de plus en plus utilisés pour la guerre navale discrète. Ils peuvent poser des mines, espionner des câbles, surveiller des sous-marins ennemis, ou même perturber des communications. Ces dernières années, plusieurs drones sous-marins chinois ont été retrouvés en mer, notamment aux Philippines et en Indonésie. Ces découvertes alimentent les suspicions : Pékin utiliserait ses navires dits « civils » pour collecter des données sensibles sur des zones stratégiques.
Un outil discret au cœur des tensions maritimes
La marine chinoise possède déjà plus de 60 sous-marins (dont 12 nucléaires). Mais ces engins sont lourds, bruyants, et donc repérables. Les véhicules autonomes comme le Blue Whale, plus petits et silencieux, peuvent contourner les systèmes d’écoute classiques et se faufiler là où personne ne les attend. Certains experts parlent même d’« arme de l’ombre », capable de saboter un navire ou un port sans jamais être détectée. Et dans une zone aussi disputée que la mer de Chine méridionale, cela pourrait avoir des conséquences explosives pour l’équilibre régional.
Source : Xinhua