La Corée du Nord vient de lancer la production massive de son lance-roquettes géant KN-25, un engin sur chenilles capable de tirer des roquettes guidées de 600 mm à très longue portée. Une avancée militaire qui change radicalement la donne sur la péninsule coréenne.
Le régime nord-coréen a frappé un grand coup : des images publiées début mai montrent que le pays fabrique désormais en série un de ses systèmes d’armes les plus redoutés, le lance-roquettes KN-25. Mi-canon, mi-missile balistique, cette bête de guerre peut envoyer des projectiles de 600 mm jusqu’à 380 kilomètres. Une portée qui couvre tout le territoire sud-coréen, voire au-delà. Pyongyang entend bien saturer les défenses américaines et sud-coréennes avec cette nouvelle pièce maîtresse de son arsenal.
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Une arme hybride entre roquette et missile
Le KN-25 n’est pas un simple lance-roquettes comme les autres. Son calibre démesuré de 600 mm le classe plutôt du côté des missiles tactiques. Capable de tirer six roquettes massives montées à l’arrière d’un véhicule blindé, il combine la cadence d’un système d’artillerie et la précision d’un missile. Une roquette tirée par ce monstre peut parcourir 380 km, soit la distance entre la frontière nord-coréenne et la base américaine de Busan, au sud du pays. La Corée du Nord a donc trouvé un moyen de contourner les armes stratégiques classiques, plus chères et plus faciles à repérer. Le KN-25 peut frapper fort, loin, et rapidement, tout en restant relativement discret et mobile. Une aubaine pour Pyongyang, qui cherche à déjouer les systèmes d’interception modernes.
Mobilité et discrétion, les clés du succès
Le véhicule qui porte le KN-25 repose sur un châssis chenillé très robuste, doté de dix paires de roues de chaque côté. Ce système de suspension permet de traverser terrains boueux, reliefs accidentés ou même routes endommagées. À l’avant, une cabine blindée protège l’équipage, tandis qu’à l’arrière, deux rangées de trois tubes d’acier attendent leurs projectiles géants. Cette configuration donne un net avantage aux forces nord-coréennes. Elles peuvent dissimuler, déplacer et repositionner ces systèmes en un rien de temps. Un atout majeur face aux frappes préventives sud-coréennes ou américaines, qui ont besoin d’informations précises pour neutraliser une menace.
Un projet révélé au monde depuis 2019
Le grand public a découvert le KN-25 lors de parades militaires en 2019. À l’époque, les observateurs étrangers s’étonnaient d’un lance-roquettes aussi imposant. Très vite, les analystes ont compris que la Corée du Nord cherchait à brouiller les cartes entre missiles et artillerie classique. Année après année, le système a évolué : portée augmentée, précision améliorée, capacité à tirer en salves multipliée. Le pari du régime ? Créer une arme abordable, facile à produire, mais aussi efficace qu’un missile balistique. Aujourd’hui, la production en série montre que ce pari est en passe d’être gagné. Le KN-25 devient un pilier de la doctrine militaire nord-coréenne.
Frapper vite, loin et avec précision
Chaque roquette du KN-25 embarque un système de guidage inertiel (et probablement aussi par satellite). Cela permet de viser un objectif avec une marge d’erreur de seulement quelques dizaines de mètres. Une précision redoutable pour une arme de ce calibre. Parmi les cibles envisagées : bases aériennes, centres de commandement, stations radar ou encore dépôts de munitions. Avec 380 km de portée, Pyongyang peut frapper profondément en Corée du Sud, mais aussi dissuader toute riposte. La menace est donc autant militaire que politique. Elle oblige Séoul et Washington à repenser leurs plans de défense, et à renforcer les systèmes de détection et d’interception.
Deux versions pour deux usages
Le KN-25 n’existe pas en une seule version. La première, sur chenilles, avec six tubes de lancement, est idéale pour le tout-terrain et les positions fixes. La seconde, montée sur un véhicule à roues plus léger, ne dispose que de quatre tubes mais peut se déplacer rapidement sur route. Ces deux formats permettent de combiner frappes stationnaires et redéploiements rapides. Cette double approche rend la tâche très compliquée pour les systèmes comme le Patriot PAC-3 ou les batteries THAAD, qui doivent identifier et neutraliser la menace avant le tir. Or, les roquettes du KN-25 suivent une trajectoire quasi-balistique, avec une vitesse terminale élevée, ce qui rend leur interception particulièrement difficile.
Une menace pour les villes et les bases alliées
Le danger est bien réel : avec sa portée, le KN-25 peut viser des cibles stratégiques comme les ports, les usines ou les grandes villes sud-coréennes. En cas de conflit, Pyongyang pourrait lancer des attaques de saturation – c’est-à-dire une pluie de roquettes – pour dépasser les capacités des défenses antimissiles. L’effet serait double : non seulement désorganiser la logistique militaire adverse, mais aussi semer la panique parmi la population civile. La Corée du Sud travaille bien sur des systèmes comme Iron Dome ou L-SAM, mais ils ne sont pas encore totalement opérationnels. Quant au programme de défense rapprochée sud-coréen (C-RAM), il ne sera prêt qu’aux alentours de 2035.
Une nouvelle pièce maîtresse de l’arsenal nord-coréen
L’arrivée du KN-25 en production de masse marque une étape majeure pour la stratégie nord-coréenne. Il ne s’agit plus d’un prototype ou d’un engin d’exposition : c’est un outil de guerre prêt à l’emploi. Facile à produire, difficile à intercepter, capable de semer le chaos derrière les lignes ennemies, il s’intègre parfaitement à la doctrine asymétrique de la Corée du Nord. Les États-Unis comme la Corée du Sud doivent désormais adapter leur posture face à cette nouvelle donne. Car même si le KN-25 n’est pas un missile nucléaire, il représente un saut technologique pour l’artillerie conventionnelle nord-coréenne. Il impose de revoir toute la stratégie de défense de la péninsule.
Ce que révèle le calendrier des tests et des déploiements
Date | Événement |
Février 2019 | Première apparition publique lors d’un défilé militaire |
Novembre 2019 | Premier tir d’essai réussi à longue portée |
Juin 2022 | Test de précision confirmé par images satellites |
Mai 2025 | Début de la production massive du KN-25 confirmé par des photos récentes |
Source : Army Recognition