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La lutte contre les cartels de drogue a inspiré à l’armée américaine ce nouveau modèle de drone parfaitement adapté aux exigences de la zone Indopacifique

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Marc Basoli

Marc Basoli

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Invisible depuis les plages, silencieux à l’horizon, de nouvelles embarcations avancent sous les vagues du Pacifique. Ce ne sont pas des sous-marins, ni des vedettes rapides… Ce sont des drones …

Les Etats-Unis vont "prêter" au Japon un drone navale de surface inspiré de leur lutte contre les cartels de drogue

Invisible depuis les plages, silencieux à l’horizon, de nouvelles embarcations avancent sous les vagues du Pacifique. Ce ne sont pas des sous-marins, ni des vedettes rapides… Ce sont des drones marins, des véhicules de surface sans équipage, que les Marines américains déploient discrètement au Japon. Leur mission est simple et révolutionnaire : réinventer la logistique militaire sur l’un des théâtres les plus contestés du monde.

Sous l’impulsion des bouleversements géopolitiques en Indo-Pacifique, les États-Unis redessinent leur stratégie d’approvisionnement pour répondre aux défis futurs.

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Des drones logistiques inspirés des narcosubs

Conçus par Leidos, une entreprise de défense américaine, les deux nouveaux modèles dévoilés incarnent deux philosophies opposées. D’un côté, le Sea Specter, au profil bas, s’inspire des narcosubs clandestins utilisés par les cartels sud-américains : furtif, discret, quasiment indétectable au radar. De l’autre, le Sea Archer, rapide et agile, privilégie la vitesse à l’invisibilité.

Le Sea Specter peut parcourir la distance entre Guam et la première chaîne d’îles sur un seul plein de carburant. Un atout décisif pour des missions longues dans un environnement hostile où la discrétion prime. À l’inverse, le Sea Archer est conçu pour des missions éclairs, même si son autonomie radar est encore en phase d’amélioration.

Chacun incarne une solution adaptée aux réalités du combat logistique : échapper aux radars ennemis ou foncer avant d’être intercepté.

Une intégration opérationnelle en marche

Déjà en phase finale d’essais, le Sea Specter est d’ores et déjà intégré aux premières opérations expérimentales des Marines dans le Pacifique. Un exemplaire est déployé dans cette zone critique, tandis qu’un autre opère sur la côte Atlantique.

Le Sea Archer, quant à lui, a terminé ses essais constructeurs et entre dans la dernière phase de tests autonomes. Son évolution prochaine passera par l’ajout de modules de mission, permettant notamment d’augmenter sa capacité d’emport et, à terme, son potentiel létal.

Un entraînement intensif de l’Atlantique au Pacifique

Le prototype 65LP2202 du Sea Specter a déjà connu son baptême du feu logistique. Dès janvier 2024, il a traversé les États-Unis, de Norfolk (Virginie) à San Diego (Californie), pour être évalué dans des conditions réelles.

En juin 2024, le Combat Logistics Battalion 12 a été formé à son utilisation avant que l’appareil ne soit transféré à Okinawa. Sur place, c’est le 31st Marine Expeditionary Unit qui a pris le relais, avec une montée en puissance progressive jusqu’aux premiers essais opérationnels en avril 2025.

Un autre prototype, le 65LP2201, avait lui débuté son intégration en avril 2024 au Camp Lejeune, avec le 2nd Distribution Support Battalion. L’arrivée imminente d’un troisième prototype confirme l’accélération du programme.

Une nouvelle ère pour la logistique militaire

Derrière ces essais, l’objectif est limpide : assurer l’approvisionnement de forces réparties dans un archipel immense, sans dépendre de routes maritimes vulnérables ni d’avions de transport coûteux.

Avec ces drones marins autonomes, les Marines entendent :

  • Transporter munitions, équipements et ravitaillement discrètement
  • Multiplier les points de livraison sans mobiliser des effectifs exposés
  • Continuer à opérer même en cas de contrôle adverse de l’espace aérien

La logistique devient ainsi aussi furtive que les opérations spéciales qu’elle soutient.

Inventaires des drones marins utilisés par l’armée américaine

L’armée américaine a intégré plusieurs drones marins, notamment le Sea Hunter, un patrouilleur sans équipage autonome capable de missions de lutte anti-sous-marine et de surveillance maritime. Ce trimaran de 40 mètres peut naviguer plusieurs mois en autonomie, équipé de sonar, radars et caméras. Par ailleurs, la marine développe une « flotte fantôme » de drones navals plus grands, dont le Vanguard, un USV de taille corvette conçu dès l’origine comme navire sans équipage. Ces drones visent à pallier le déficit de navires traditionnels face à la montée en puissance chinoise dans l’Indo-Pacifique. Enfin, des drones sous-marins autonomes, capables de transporter des charges et de lancer des torpilles comme les Copperhead-M, sont également en phase de développement avancé.

Un enjeu stratégique en Indo-Pacifique

À l’heure où les tensions montent avec la Chine autour de Taïwan et de la mer de Chine méridionale, la capacité des États-Unis à soutenir des forces isolées pourrait faire la différence.

Ces véhicules de surface sans équipage offrent une réponse pragmatique aux défis du combat dispersé. Plus petits, plus flexibles, plus autonomes que les navires traditionnels, ils incarnent une nouvelle philosophie militaire : frapper vite, se ravitailler furtivement, survivre loin de tout port.

Dans un futur proche, ces drones pourraient ne pas seulement transporter du matériel : ils pourraient aussi devenir les premiers relais d’une logistique de combat totalement automatisée.

Loin des regards, sous la surface, la révolution logistique est déjà en marche.

Source : https://www.marines.mil/News/Marines-TV/videoid/863263/?dvpTag=Marine%2BCorp

À propos de l'auteur, Marc Basoli