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Les Etats-Unis font d’un « vieux clou rouillé » un des bâtiments de guerre les plus puissants du monde

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Marc Basoli

Marc Basoli

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Au fond de la rade de Norfolk, une silhouette noire s’éveille après des années de silence. Le 19 avril 2025, le sous-marin nucléaire d’attaque USS Toledo, classe Los Angeles, a …

Les Etats-Unis font d'un "vieux clou rouillé" un des bâtiments de guerre les plus puissants du monde

Au fond de la rade de Norfolk, une silhouette noire s’éveille après des années de silence. Le 19 avril 2025, le sous-marin nucléaire d’attaque USS Toledo, classe Los Angeles, a repris la mer. Sa modernisation complète, un chantier colossal mené dans les entrailles du Norfolk Naval Shipyard, marque un retour en puissance. Derrière cette réactivation, un objectif : maintenir coûte que coûte la supériorité des États-Unis sous les océans, malgré un contexte de plus en plus incertain.

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L’USS Toledo, un vieux sous-marin devenu une bête d’acier et un monstre d’endurance

L’USS Toledo a été mis en service en 1995. Trente ans plus tard, le voilà prêt pour une nouvelle décennie de missions. Ce sous-marin mesure 110 mètres de long, déplace 6 900 tonnes en plongée, et file à plus de 55 km/h sous la surface, propulsé par un réacteur nucléaire S6G. Sa mission : tout faire.

Voici les capacités opérationnelles de l’USS Toledo :

SecteurDétail
Armement principal4 tubes lance-torpilles de 533 mm, 12 cellules VLS pour missiles Tomahawk
Vitesse maximale immergéePlus de 30 nœuds (55 km/h)
RéacteurS6G à uranium enrichi
AutonomiePlusieurs mois sans ravitaillement
MissionsGuerre anti-sous-marine, frappes terrestres, renseignement, appui des forces spéciales

La classe Los Angeles, bien qu’en fin de carrière, reste l’épine dorsale de la flotte américaine avec 28 unités encore en service sur les 62 construites. Un pilier que la Navy ne peut pas encore remplacer.

Une chirurgie lourde, mais vitale

Ce qu’a subi l’USS Toledo, ce n’est pas un simple ravalement. Il s’agit d’une Engineered Overhaul (EOH), une refonte totale planifiée à mi-vie. Ce processus dure plusieurs années et mobilise des centaines de techniciens. Il consiste à réparer, moderniser, et tester tous les systèmes critiques.

Les travaux réalisés incluent :

  • Remplacement du mât et des périscopes
  • Révision complète de la salle des machines
  • Réparation du vérin hydraulique de direction
  • Remise à neuf de la coque
  • Intégration de nouveaux systèmes sonar et de combat
  • Mise à niveau des communications et de la navigation

Un centre de coordination a été construit spécialement pour orchestrer les équipes et gérer les imprévus. Le chantier s’est déroulé en parallèle d’une modernisation des infrastructures du chantier naval, dans le cadre du programme SIOP (Shipyard Infrastructure Optimization Program), visant à moderniser les quatre grands arsenaux américains.

Un choix stratégique face à la pénurie

Les États-Unis doivent faire face à un problème de fond : la relève n’avance pas assez vite. Le programme des sous-marins classe Virginia, censés remplacer les Los Angeles, est ralenti par des retards industriels et des restrictions budgétaires. Résultat : impossible de maintenir les effectifs sans prolonger la durée de vie des anciens.

L’USS Toledo devient donc une pièce maîtresse dans un équilibre délicat. Sa remise en service permet de conserver la masse critique nécessaire pour les missions sous-marines dans les zones sensibles.

Voici les régions où la Navy estime indispensable de maintenir une présence :

  • Indo-Pacifique (face à la Chine)
  • Arctique (routes maritimes émergentes)
  • Méditerranée et mer Noire
  • Atlantique Nord

Chaque sous-marin compte. Et tant qu’il fonctionne, il dissuade.

L’art de rester invisible

Les sous-marins comme l’USS Toledo ne cherchent pas la confrontation. Ils observent, écoutent, informent. Dans un monde où les satellites saturent le ciel, où les radars voient tout, l’océan reste un sanctuaire pour le secret militaire. Et le Los Angeles sait se taire.

L’appareil est conçu pour détecter sans être détecté, avec un sonar perfectionné et des capacités de renseignement électronique. Il peut s’approcher des côtes, écouter les communications ennemies, transmettre des données sensibles à une flotte en surface, ou guider des missiles de précision.

Un avenir encore flou

Même rénové, l’USS Toledo reste un vétéran. Chaque année de plus est une victoire contre le temps, mais aussi un pari risqué. Les pièces vieillissent, les technologies évoluent, les menaces changent. Et à long terme, seuls des sous-marins de nouvelle génération pourront répondre aux défis à venir.

Mais pour l’instant, l’équation est simple : sans lui, le dispositif américain serait affaibli.

Voici un aperçu des tensions entre besoins opérationnels et réalités industrielles :

ÉlémentSituation
Classe Los Angeles28 unités encore actives, progressivement modernisées
Classe VirginiaProduction ralentie, objectifs non atteints
Besoins déclarés66 sous-marins d’attaque minimum
Besoins projetés à 2035Plus de 70 unités pour couvrir tous les théâtres

Le silence comme arme

Dans les mois à venir, l’USS Toledo rejoindra les eaux profondes. Sa présence sera ignorée de tous, jusqu’au jour où elle ne le sera plus. Car la force de ces sous-marins ne se voit pas. Elle se devine, elle s’anticipe, elle dissuade.

Et si la puissance maritime américaine reste crédible aujourd’hui, c’est en partie parce que des unités comme l’USS Toledo ont été ressuscitées.

Dans un monde où tout va vite, parfois, il faut plonger loin et durer longtemps.

Source : https://www.sublant.usff.navy.mil/SSN769/

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