La plus grande commande d’hélicoptères militaires espagnole est aussi un vibrant hommage au savoir-faire européen. Derrière les chiffres, ce sont des vies, des territoires et une ambition commune entre Madrid et Paris qui prennent leur envol.
100 hélicoptères signés Airbus, quatre contrats phares, et un engagement ferme : moderniser en profondeur les forces armées espagnoles tout en consolidant un axe industriel franco-espagnol plus stratégique que jamais.
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Une ambition partagée qui prend forme à Albacete
Le 18 décembre 2025, Madrid a officialisé ce que beaucoup pressentaient déjà dans les milieux de la défense : l’Espagne va profondément renouveler sa flotte d’hélicoptères militaires. La commande de 100 appareils Airbus, inscrite dans le Plan national Hélicoptères dévoilé quelques mois plus tôt, marque un choix assumé. Celui de doter les forces armées de moyens modernes, éprouvés, mais aussi de s’appuyer sur une coopération industrielle européenne solide, en premier lieu avec la France. À Albacete, où Airbus Helicopters est implanté depuis des années, cette annonce n’a rien d’abstrait. Les ateliers fonctionnent déjà, les équipes sont en place, mais l’ampleur du programme change la perspective. Plus qu’un simple achat d’équipements, l’Espagne fait le pari d’un partenariat de long terme, capable de structurer une filière, de créer de l’emploi et de donner une visibilité durable à l’industrie aéronautique européenne.
Quatre modèles pour couvrir tous les besoins militaires
Plutôt que d’imposer une solution unique, la commande espagnole joue la carte de la complémentarité opérationnelle. Quatre modèles ont été sélectionnés :
- 13 H135 : utilisés pour la formation avancée des pilotes, les missions de surveillance et d’appui léger.
- 50 H145M : pour l’armée de terre (FAMET), capables d’assurer des missions de combat léger, d’évacuation, de formation et même de secours en cas de catastrophe.
- 6 H175M : pour les missions gouvernementales, dont le transport d’autorités, venant remplacer les flottes obsolètes.
- 31 NH90 : le fleuron des hélicoptères tactiques, taillés pour les opérations spéciales, les missions amphibies de la marine ou encore le transport rapide de troupes.
Chaque modèle répond à un besoin précis, et chaque appareil livrera une capacité concrète de projection, de mobilité ou de coordination en territoire hostile.

Des paroles d’engagement qui pèsent lourd
Du côté des responsables politiques, le ton était à la solennité. María Amparo Valcarce García, secrétaire d’État à la Défense, a rappelé que cette commande s’inscrivait dans une « stratégie de renforcement profond des capacités nationales ». Pour elle, il s’agit de garantir l’autonomie stratégique de l’Espagne, dans un contexte géopolitique où l’imprévisible est devenu la norme. Chez Airbus, Bruno Even, directeur général d’Airbus Helicopters, ne cachait pas sa fierté : « Ce programme est bien plus qu’une commande. C’est un tournant qualitatif pour les armées, et un levier formidable pour l’industrie aéronautique européenne ». Derrière cette phrase, un message clair : la filière française et espagnole doit coopérer, non pas par opportunisme, mais par conviction commune.
Une industrie locale qui en sort renforcée
Au-delà des enjeux militaires, le contrat agit comme un accélérateur industriel. Rien qu’en Espagne, plus de 300 emplois directs seront créés dans les trois prochaines années. L’usine d’Albacete deviendra un centre de personnalisation militaire à part entière, mais aussi un lieu de formation internationale pour les pilotes et techniciens des H145M. C’est aussi une vitrine d’excellence pour les jeunes ingénieurs espagnols, qui verront dans cette expansion une raison de croire en leur avenir dans l’aéronautique. Et pour Airbus, une opportunité de faire de la coopération européenne une réalité industrielle tangible.

Un savoir-faire numérique qui change de dimension
La commande ne se limite pas au matériel. Airbus souhaite transformer son site d’Albacete en un pôle d’expertise digitale à l’échelle européenne. Dans les mois à venir, un campus numérique sera lancé en partenariat avec l’université d’Albacete et le parc scientifique de Castilla-La Mancha. L’objectif ? Développer les outils logiciels, les connectivités embarquées, et surtout renforcer la cybersécurité des flottes aériennes. C’est un pari sur l’avenir, dans un monde où l’hélicoptère militaire ne se pilote plus seulement avec un manche, mais aussi avec des lignes de code.
Le calendrier des livraisons déjà sur les rails
Le calendrier s’annonce ambitieux, mais réaliste. Les premiers appareils devraient arriver dès 2026 pour une évaluation opérationnelle complète. Voici le tableau des prévisions :
| Type d’hélicoptère | Quantité | Date de livraison estimée | Utilisation principale |
| H135 | 13 | T1 2026 | Formation / observation |
| H145M | 50 | T2–T3 2026 | Attaque / utilitaire |
| H175M | 6 | T3 2026 | Missions officielles |
| NH90 | 31 | T3–2027 | Transport tactique |
Ce déploiement progressif permettra d’intégrer les nouveaux appareils au rythme des besoins et des formations, sans perturber les opérations en cours.
Une stratégie qui renforce l’autonomie européenne
Derrière cette commande, c’est toute une philosophie de défense qui se dessine : celle d’un ancrage stratégique entre partenaires européens. Loin des discours incantatoires, la France et l’Espagne mettent ici sur pied une alliance concrète, bâtie sur des outils de haute technologie et des livraisons planifiées. La coopération via Airbus devient une réponse crédible face à la dépendance technologique aux États-Unis. Et dans le même temps, un signal fort à Bruxelles pour encourager des initiatives européennes coordonnées en matière de défense.
Source : AIRBUS